
on a dit mon nom et on m’a présentée comme queer féministe et j’ai étalé mon journal (sous forme de poème) devant 200 personnes en live stream sur facebook en même temps. À onze heures je suis sortie de mon monde avec david abram et la synesthésie et merleau-ponty et la naissance de l’écriture et platon et la chair du monde pour me transformer en personne socialement acceptable en mettant des barrettes dans mes cheveux (huit) pour pas ressembler à une folle et un col roulé noir pour faire le test sur zoom avec le jif et j’étais étonnée de ma présentabilité à l’écran. heureusement que je suis pas critique de cinéma.

mais je crois qu’avec ses films elle a quand même réussi à faire ce que la natation synchronisée fait, c’est l’exaltation du spectacle, les émotions qui montent, c’est le travail collectif qui crée un truc où tout vient se mettre en place parfaitement et qui donne de la beauté. céline racontait que quand elle était ado elle avait assisté à un spectacle de natation synchronisée et qu’elle avait tellement été touchée par la grâce que pendant les trois prochains jours elle s’était dit qu’elle avait raté sa vie parce qu’elle était pas nageuse de natation synchronisée et c’est exactement ce que je ressens quand je regarde un dj set d’azf. Pendant que je regardais le live stream de céline sciamma à la berlinale sur mon lit j’ai entendu la copine de mon cousin qui montait pour venir dire bonjour et j’ai failli me dissoudre de bien-être et de satisfaction d’être cachée là-haut avec céline et pas en bas obligée de dire oui ça va et toi avec une voix aimable et enjouée et enthousiaste.
